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ordinairement plus de vingt-cinq. Aussi cette grande région n’a-t-elle aucun quadrupède. Les Arabes mêmes et les Azanaghis y tombent malades de l’excès de la chaleur. On compte quarante journées à cheval de Tegazza à Tombouctou, et trente de Tombouctou à Melli. Tout le pays de Tombouctou qui est situé dans la Nigritie touche au grand désert de Sahara, ou peut-être même en fait partie. Il nous est fort peu connu, et celui de Melli encore moins. Cadamosto ayant demandé aux Maures quel usage les marchands de Melli font du sel, ils répondirent qu’il s’en consommait d’abord une petite quantité dans le pays, et que ce secours était si nécessaire à ces peuples situés près de la ligne, que, sans un tel préservatif contre la putridité qui naît de la chaleur, leur sang se corromprait bientôt. Ils emploient peu d’art à le préparer. Chaque jour ils en prennent un morceau qu’ils font dissoudre dans un vase d’eau, et, l’avalant avec avidité, ils croient lui être redevables de leur santé et de leurs forces. Le reste du sel est porté à Melli en grosses pièces, deux desquelles suffisent pour la charge d’un chameau. Là, les habitans du pays le brisent en d’autres pièces, dont le poids ne surpasse pas les forces d’un homme. On assemble quantité de gens robustes qui les chargent sur leur tête, et qui portent à la main une longue fourche sur laquelle ils s’appuient lorsqu’ils sont fatigués. Dans cet état, ils se rendent sur le bord d’un grand fleuve dont l’auteur n’a pu savoir le nom.