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ils s’y arrêtent, et creusent quelquefois jusqu’à six, sept ou huit pieds de profondeur. Mais ils ne vont pas plus loin ; non qu’ils craignent que le métal vienne à manquer, car ils déclarent au contraire que plus ils pénètrent, plus ils le trouvent en abondance ; mais parce qu’ils ignorent la manière de faire des échelles, et qu’ils n’ont point assez d’industrie pour soutenir la terre et pour empêcher qu’elle ne s’écroule. Ils ont seulement l’usage de tailler des degrés pour y descendre, ce qui prend beaucoup d’espace, et n’empêche pas la terre de tomber, surtout dans la saison des pluies, qui est ordinairement celle de leur travail, parce qu’ils ont besoin d’eau pour séparer l’or. Lorsqu’ils s’aperçoivent que la terre menace ruine, ils quittent le trou qu’ils ont ouvert pour en commencer un autre qu’ils abandonnent de même après l’avoir conduit à la même profondeur. On conçoit qu’avec si peu d’industrie non-seulement ils ne tirent qu’une petite partie de l’or qui est dans la mine, mais qu’ils ne recueillent même qu’imparfaitement celui qu’ils ont tiré ; car ils ne s’arrêtent qu’aux parties visibles qui demeurent au fond du vase, tandis qu’il en sort avec l’eau et la terre une infinité de particules qui feraient bientôt la fortune d’un Européen.

Cependant les habitans de cette riche contrée n’ont pas la liberté d’ouvrir en tout temps la terre, ni de chercher des mines quand il leur