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aux plantations des Nègres. Un seul de ces animaux consomme dans un jour ce qui suffirait pour nourrir trente hommes pendant une semaine, sans compter les ravages qu’il fait avec ses pieds ; aussi les Nègres n’épargnent-ils rien pour les éloigner de leurs champs : ils y font la garde pendant le jour ; ils y allument des feux pendant la nuit. Le tabac enivre quelquefois les éléphans, et leur fait faire des mouvemens fort comiques ; quelquefois leur ivresse va jusqu’à tomber endormis. Les Nègres ne manquent point ces occasions de les tuer, et se vengent sur leurs cadavres de tous les maux qu’ils en ont reçus. Les éléphans boivent de l’eau ; mais ils ne manquent jamais de la troubler avec les pieds comme le chameau.

Ils ont quantité d’ennemis qui les exposent à des combats fréquens, et dont ils deviennent fort souvent la proie ; ce sont les lions, les panthères et les serpens, sans compter les Nègres. Le plus redoutable est la panthère ; elle saisit l’éléphant par la trompe et la déchire en pièce.

Les éléphans s’attroupent ordinairement au nombre de cinquante ou soixante. On en rencontre souvent des troupeaux dans les bois ; mais ils ne nuisent à personne lorsqu’ils ne sont point attaqués.

Ils sont en si grand nombre au long de la Gambie, qu’on aperçoit de tous côtés leurs traces. Les roseaux et les bruyères où ils aiment à se retirer laissent voir ordinairement