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tance ; qu’il était tributaire du roi de Melli, le plus grand prince des Nègres ; mais que, des deux côtés de la rivière, il y avait quantité d’autres seigneurs dont la demeure était moins éloignée ; que, si Cadamosto souhaitait d’en être connu, ils lui en feraient voir un qui se nommait Batti-Mansa. Cette offre fut si bien reçue, que, redoublant les caresses, on garda les deux Nègres dans la caravelle, en continuant de remonter suivant leur direction. Enfin l’on arriva près du lieu où Batti-Mansa faisait sa résidence ; et, suivant le calcul de l’auteur, on ne pouvait être à moins de quarante milles de l’embouchure.

Cadamosto députa au prince, avec les deux Nègres, un de ses interprètes qu’il chargea de quelques présens. Aussitôt que les messagers eurent expliqué leur commission à Batti-Mansa, il envoya quelques Nègres à la caravelle. On fit avec eux un traité d’amitié, et divers échanges pour de l’or et des esclaves ; mais la quantité d’or n’approchait pas des espérances qu’on avait conçues sur le récit des peuples du Sénégal, qui, étant fort pauvres, avaient une haute idée des richesses de leurs voisins. D’ailleurs les Nègres de la Gambie n’estimaient pas moins leur or que les Portugais. Cependant ils marquèrent tant de goût pour les bagatelles de l’Europe, que les échanges furent assez avantageux. Pendant onze jours que les caravelles demeurèrent à l’ancre, il y vint des deux côtés de la rivière un grand nombre de ces barbares,