Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mortelle infection. On les y met exprès pour les laisser tourner en pouriture, parce que les Nègres ne les mangent que dans cet état. Ils prétendent que le sable leur donne une sorte d’odeur nitreuse qu’ils estiment beaucoup.

Chaque vaisseau français donne aux officiers du damel une certaine quantité de marchandises pour le droit de prendre du bois et de l’eau. Les Nègres qu’ils emploient ordinairement à leur fournir ces provisions, et qui les apportent sur leur dos jusqu’aux chaloupes, se croient bien payés de leur travail par quelques bouteilles de sangara, c’est-à-dire, d’eau-de-vie.

De Rufisque, Brue s’avança dans un pays sablonneux, qui ne paraissait pas néanmoins sans culture. Au milieu du chemin, il trouva un grand lac d’eau saumâtre, formé par un petit ruisseau dont l’eau ne laissait pas d’être fort douce, et sur le bord duquel il s’arrêta pour faire rafraîchir son cortége. Ce lac, suivant le témoignage des habitans, se décharge dans la mer entre le cap Vert, au nord, et le cap Manuel, au sud. Il est rempli de poisson, qui est péché par une sorte de faucon, avec autant d’adresse que par les Nègres. Brue tua un de ces animaux dans le temps qu’il prenait son vol avec un poisson entre ses serres, de la forme d’une sardine et du poids de trois ou quatre livres. Le lac s’appelle Sérères, du nom de quelques tribus des Nègres qui habitent les lieux voisins, et qui forment un peuple très-remarquable.

Ces Sérères, qui se trouvent principalement