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répandus autour du cap Vert, sont une nation libre et indépendante, qui n’a jamais reconnu de souverain. Ils composent, dans les lieux de leur retraite, plusieurs petites républiques, où ils n’ont pas d’autres lois que celles de la nature. Ils nourrissent un grand nombre de bestiaux. Brue prétend que la plupart, n’ayant aucune idée d’un Être suprême, croient que l’âme périt avec le corps ; ils sont entièrement nus. Ils n’ont aucune correspondance de commerce avec les autres Nègres. S’ils reçoivent une injure, ils ne l’oublient jamais. Leur haine se transmet à leur postérité, et tôt ou tard elle produit la vengeance. Leurs voisins les traitent de sauvages et de barbares. C’est outrager un Nègre que de lui donner le nom de Sérère. Ainsi ces hordes d’esclaves regardent comme une injure le titre d’homme libre. Cette nation d’ailleurs est simple, honnête, douce, généreuse et très-charitable pour les étrangers. Elle ignore l’usage des liqueurs fortes. Ils enterrent leurs morts hors de leurs villages, dans des huttes rondes, aussi bien couvertes que leurs propres habitations. Après y avoir placé le corps dans une espèce de lit, ils bouchent l’entrée de la hutte avec de la terre détrempée, dont ils continuent de faire un enduit autour des roseaux qui servent de murs, jusqu’à l’épaisseur d’un pied. L’édifice se termine en pointe, de sorte que ces lieux de sépulture paraissent comme un second village, et que les tombes des morts sont en beaucoup plus grand