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à-vis l’île de Bilbas, centre du commerce de ce canton, Brue fit tirer trois coups de canon pour annoncer son arrivée. À peine eut-il mouillé l’ancre, qu’il reçut la visite du seigneur du village, nommé Farba-Ghiorel[1]. Ce Nègre, qui était oncle du siratik, et qui avait toujours eu beaucoup d’affection pour les Français, fut reçu d’eux avec beaucoup de civilité. Il promit au général de dépêcher sur-le-champ un exprès au roi son neveu. Dès le même soir, Boucar Siré, un des fils du siratik, qui avait ses terres entre Ghiorel et Goumel, résidence de son père, se rendit à bord, et répondit au général de l’amitié que ce roi avait conçue pour lui sur la seule réputation de son mérite. Ce compliment fut accompagné d’un présent de deux bœufs gras et d’une petite boîte d’or du poids d’une once. Le général fit aussi ses présens au prince, et le salua de plusieurs coups de canon à son départ. Ensuite, ayant fait descendre ses facteurs pour commencer le commerce, il trouva dans le village tant d’avidité pour ses marchandises, que ses barques furent bientôt chargées des productions du pays.

Le siratik n’eut pas plus tôt appris l’arrivée des Français, qu’il fit complimenter Brue par son grand bouquenet, c’est-à-dire par le grand-maître de sa maison. Cet officier était un vieillard vénérable, de fort belle taille, avec la

  1. Les Nègres maîtres des villages joignent le nom de leur seigneurie à celui de leur famille, ou à leur nom propre.