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la mer des quantités prodigieuses de terre, de sable et de pierre. Tout le terrain que ces eaux parcoururent fut entièrement ruiné et dépouillé de cette couche supérieure qui forme le sol, et il ne resta qu’un lit profond de sable. Les masses solides de glaces, et l’immense quantité de terre, de pierre et de sable qu’emporta cette inondation, comblèrent tellement la mer, qu’à un demi-mille des côtes il s’en forma une petite montagne qui a diminué un peu avec le temps, mais qui paraissait encore au-dessus de l’eau en 1750, temps où Horrebow était en Islande.

Deux voyageurs, se trouvant près du jokul embrasé, se réfugièrent à la hâte sur une petite montagne voisine, située entre la mer et le volcan. La violence de l’inondation détacha une quantité si considérable de terre, de sable et de pierre de cette montagne, que ces voyageurs, saisis d’effroi, croyaient à chaque instant voir écrouler la montagne entière ; cependant il ne leur arriva aucun accident. Après avoir demeuré sur le sommet un jour et demi, ils traversèrent tout le terrain qui venait d’être inondé. C’est de ces hommes, témoins oculaires, et les plus fidèles qu’on puisse consulter sur cet affreux événement, que l’auteur danois paraît tenir ce récit.

Il ajoute qu’on peut juger combien cette inondation amena de matières à la mer, puisqu’elle la fit remonter douze milles au delà de ses bords.