Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/32

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l’expérience qu’il cédait au rabot, qu’il donnait des copeaux très-fins, et qu’on pouvait le travailler comme on jugeait à propos, je pense qu’il doit être regardé comme un bois d’une espèce singulière, et en conserver le nom. »

Il n’y a point de bêtes fauves en Islande ; il ne s’y trouve d’autres animaux sauvages que des renards. On y voit arriver quelques ours qui viennent du Groënland sur de gros glaçons ; mais les habitans ont grand soin de les empêcher de pénétrer dans le pays, ou de s’y multiplier lorsqu’ils parviennent à y entrer. Dès qu’ils en aperçoivent un, ou seulement ses traces, ils ne cessent pas de le chercher et de le poursuivre jusqu’à ce qu’il soit tué. Deux motifs très-pressans les portent à cette chasse : le premier est de prévenir les ravages que ces animaux, très-voraces dans les pays septentrionaux, pourraient faire parmi leurs troupeaux ; le second, c’est de gagner le prix assigné pour la peau, qui doit en toute occasion être remise au bailli, parce qu’elle est dévolue de droit au fisc royal. Ces peaux d’ours de Groënland passent pour les plus belles ; on en a de blanches, de grises, de brunes et de tigrées.

Les renards d’Islande sont à peu près de la même couleur que les nôtres ; les habitans les appellent morroth. Les noirs y sont très-rares, et on les regarde comme des étrangers qui sont venus dans l’île sur les glaces du Groënland.

Il n’en est pas de même des renards blancs.