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l’année suivante, revenant au même endroit avec son mâle et ses enfans, au lieu d’un nid ils en auront trois ou quatre.

Quand les petits canards ont quitté le nid, on ôte le duvet pour la troisième fois. De cette façon les habitans ont de chaque nid deux pontes d’œufs, et trois récoltes de duvet. On peut juger de là quel profit ces oiseaux rapportent à ceux qui ont plusieurs centaines de nids sur leur terrain. Les œufs ont un très-bon goût, et ne le cèdent point à ceux de poule. Tout ce que les Islandais amassent de duvet est transporté hors du pays, parce qu’ils en font peu d’usage, et qu’ils aiment mieux en tirer de l’argent ; cette marchandise est toujours d’un prix assez élevé.

Avant de terminer la description de ce qui concerne les oiseaux aquatiques qu’on voit en Islande, il est bon de remarquer l’industrie avec laquelle les habitans vont dénicher les œufs et leurs petits, malgré le danger affreux dont ils sont menacés dans cette expédition. « J’ai moi-même été témoin, dit un historien, de la manière dont on s’y prend ; et je dois avouer que je n’ai pu voir sans frémir avec quelle intrépidité des hommes osent risquer leur vie pour servir leur intérêt. Plusieurs fois il est arrivé que, faute de prendre assez de précautions, des personnes ont péri malheureusement à cette chasse. »

On a déjà dit que les oiseaux cherchent pour placer leurs nids les endroits les plus