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inaccessibles aux hommes, et les rochers les plus escarpés. Voici les dispositions que l’on fait pour réussir à attaquer ces petites habitations. On attache très-solidement au haut du rocher une solive qui reste saillante le plus qu’il est possible : elle porte une poulie et une corde au moyen desquelles un homme lié par le milieu du corps descend tout le long des rochers. Il tient une longue perche armée d’un crochet de fer pour s’approcher des rochers et se diriger à son gré. À certain signal convenu, les hommes qui sont sur le rocher retirent celui-ci, qui fait chaque fois une récolte de cent à deux cents œufs. La promenade se continue tant qu’on trouve des œufs, ou tant qu’il est possible de supporter cette suspension qui devient très-fatigante. Pendant cette chasse, on voit les oiseaux s’envoler par milliers en poussant des cris affreux. Les habitans des endroits où cette chasse est praticable en retirent un grand bénéfice ; car, outre les œufs, ils enlèvent aussi quantité de jeunes oiseaux, dont les uns servent de nourriture, et les autres donnent beaucoup de plumes qui se vendent aux négocians danois ainsi que l’édredon.

On remarque que tous ces œufs sont d’un jaune verdâtre tacheté de brun, comme le sont ordinairement ceux des oiseaux qui habitent les eaux douces. La coquille des premiers est infiniment plus épaisse que celle des œufs des oiseaux terrestres ; et c’est vraisemblablement afin que dans ce climat froid ils conservent