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Le bitume, la tourbe, les pierres-ponces sont des matières assez connues pour nous dispenser d’en parler ; il suffit d’observer qu’elles sont fort abondantes en Islande, et qu’en cela rien n’est plus naturel, puisqu’il s’y trouve tant de volcans.

C’est vraisemblablement avec le bitume que se forme la pierre appelée gagate ou ambre noir, que l’on trouve en différens endroits. On en distingue deux sortes ; l’une, qui brûle comme une bougie lorsqu’on l’allume, est, suivant Horrebow, une espèce de poix terrestre assez dure et d’un noir brillant ; l’autre, que les Islandais appellent krafn tinna, c’est-à-dire, pierre à fusil noire, ne brûle pas, et est beaucoup plus dure que la première : elle est très-noire et très-luisante. Les Danois l’appellent agate noire, parce qu’elle fait du feu comme la véritable agate : c’est à celle-ci que convient véritablement le nom de gagate et de pierre obsidienne. Il paraît que cette pierre noire n’est autre chose qu’une scorie ou lave vitreuse très-pure : lorsqu’on en casse un morceau, il s’éclate comme le verre. Le mont Krafle fournit une grande quantité de ces pierres, parmi lesquelles on a trouvé des feuilles de la grandeur d’une petite table qui pesaient six lispuns, et plus, ou trente-six livres. La pierre que les anciens appelaient obsidienne servait, au rapport de Pline, à faire des cartes et des cachets. La gagate d’Islande se grave et se travaille de même, mais il faut beaucoup de précautions. Un roi de Danemarck