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source salée, ni aucune mine de sel ; mais j’ai tenu un morceau de sel minéral, et l’on m’a assuré qu’il s’en trouvait une grande quantité en plusieurs endroits. Il est certain aussi qu’il doit y avoir des sources salées sur les côtes, et même dans le pays. J’ai vu en beaucoup d’endroits des rochers que la mer venait battre pendant la marée, couverts d’une croûte de sel desséché par le soleil. Les habitans à portée de ces endroits ont l’attention de ramasser ce sel pouf leur usage : ces faits suffisent pour pouvoir conclure que l’Islande n’est pas dépourvue de sel. Au surplus, on voit par les anciennes fondations, et par les lettres de donations des temps où l’île était catholique, qu’en différens endroits de l’île, et surtout dans la partie septentrionale, on donnait à de certaines églises et aux prêtres des morceaux de sel, sals koten, et le droit seigneurial de faire du sel. D’où il suit évidemment que dans ces temps reculés il y avait du sel en mine dans le pays, et que l’on savait en faire avec de l’eau de la mer ; car enfin ces ecclésiastiques se seraient-ils contentés d’un droit chimérique ? C’est ce qu’il n’est pas possible de présumer.

» Tout récemment deux sous-baillis ont essayé de faire du sel avec de l’eau de la mer, et l’un d’eux m’a assuré qu’après avoir fait fondre une tonne de sel de France dans l’eau de la mer, et avoir fait bouillir le tout pendant quelques heures, il en avait retiré une tonne et un quart de beau sel blanc et fin. Cette expérience