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de ne voir que des compatriotes, jointe au peu de connaissance qu’on y a des autres peuples, attache chaque habitant à sa patrie ; ce qui lui inspire naturellement des regrets dès qu’il l’a quittée, et des désirs de la revoir, qui lui causent une langueur mortelle, s’il n’y retourne promptement ; d’où l’on peut conclure que moins un pays sera fréquenté, moins ses habitans communiqueront avec d’autres peuples, plus ils seront passionnés pour leur sol et leur climat, et sujets à la maladie du pays.

À l’égard des dispositions des Islandais pour les arts, on ne peut leur contester qu’ils n’en aient de très-grandes ; on en voit la preuve en Islande, où il se trouve plusieurs bons ouvriers en différentes professions, sans qu’ils aient jamais eu d’autres maîtres que leur goût et leur génie. Plusieurs habitans travaillent également en orfèvrerie, en cuivre, en menuiserie ; et tout ce qui est du ressort du maréchal et du forgeron, du constructeur de barques, et des autres métiers de première nécessité. Or, rien ne marque plus d’adresse que de savoir faire tout ce qui est à l’usage ordinaire, sans avoir ni les meilleurs matériaux, ni les instrumens propres à toutes les professions.

On remarque aussi à l’avantage des Islandais qu’il en est très-peu qui ne sachent lire et écrire. C’est une étude pour laquelle toute la nation montre le même empressement. Je