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par jour une demi-aune de France de ce gros drap qu’on appelle vadmal. C’est ce qui a engagé Je roi de Danemarck à faire passer dans cette île plusieurs tisserands habiles, avec des métiers ordinaires ; et on espère de grands succès pour le perfectionnement des fabriques.

Le pays n’ayant point de moulins à foulon, on conçoit bien quelle peine les habitans ont à fouler leurs étoffes de laine, et les autres objets de fabrique qui ont besoin de cette opération, tels que les gants, les bas et les camisoles. Ils y emploient plus de travail que d’art ; et voici en quoi il consiste : après avoir fait tremper dans de l’urine, pendant plusieurs jours, leur vadmal ou autre étoffe, ils la mettent dans un tonneau dont les deux fonds sont ôtés, et qui est sur le côté ; deux hommes assis vis-à-vis l’un de l’autre devant chaque fond du tonneau, y poussent les pieds de toute leur force pour fouler l’étoffe qu’on arrose de temps à autre, toujours avec de l’urine. Si les pièces sont petites ; ils les foulent sur une table, en les pressant avec la poitrine ; mais l’une et l’autre de ces méthodes sont également pénibles et très-longues. Pour les gants, ceux qui vont en mer les mettent à leurs mains, les trempent de temps en temps dans l’eau, et les foulent en ramant ; ainsi la peine de ramer fait toute la difficulté.

Dans les endroits où il y a des bains chauds, ils foulent dans l’eau chaude ; l’étoffe est bien plus tôt préparée et s’amollit mieux que par