Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eurent bientôt un petit fonds d’argent, avec lequel ils achetèrent dix douzaines de planches, des lattes et quarante-six solives, des semences et des racines de plantes, des filets et des instrumens pour la chasse et la pêche, enfin les provisions les plus pressantes pour le vêtement et la nourriture. Jamais des missionnaires ne furent plus dignes de la protection du gouvernement que ceux qui s’équipaient en colons et qui voulaient commencer leur mission par l’agriculture et le commerce, objet le plus naturel des transmigrations et des populations nouvelles. C’est peut-être encore un des avantages temporels que le clergé luthérien peut avoir sur celui de la religion catholique, d’inspirer à ses membres, en leur permettant le mariage, toutes les idées d’économie domestique relatives au bien-être des familles, et par conséquent à la police sociale.

Les trois frères moraves, partis de Copenhague le 10 avril 1733, arrivèrent au Groënland le 20 du mois suivant. Leur premier soin fut de chercher sur la côte un séjour habitable et commode pour y bâtir. Ils mirent aussitôt la main à l’œuvre, et, dressant pierre sur pierre avec de la mousse dans les intervalles, ils s’élevèrent à la hâte un asile contre la neige et la pluie, se procurant de la subsistance avec un vieux bateau, qu’ils avaient acheté du capitaine danois qui les avait amenés. Ils passèrent d’une tente où ils gelaient de froid dans cette hutte construite à la groënlandaise ; et dès le 15 juin