Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils commencèrent une maison danoise, où en cinq semaines ils eurent du logement.

Aussitôt qu’elle fut achevée, ils songèrent à faire leurs provisions de bouche pour l’hiver ; mais la chasse et la pêche leur réussirent d’abord assez mal, parce qu’ils n’y étaient guère exercés, et qu’ils avaient surtout peu d’adresse à mener un kaiak. Quand ils allaient chercher du bois flottant entre les îles, s’ils étaient surpris par le mauvais temps, après avoir gagné la terre avec beaucoup de peine, le vent de la nuit éparpillait leur bois, et la tempête emportait leur bateau, que les Groënlandais venaient leur rendre tout fracassé, quelques jours après. Mais, quand tout leur manquait, ils s’abandonnaient à la Providence ; et s’ils n’avaient pas d’autre chose à faire, ils se mettaient à filer pour gagner leur vie, à l’exemple de leurs frères de Moravie et de Lusace.

Ces difficultés n’étaient pourtant rien au prix de celles qu’ils avaient à surmonter pour remplir l’objet de leur mission ; car ils ignoraient même la langue danoise, dont ils avaient besoin pour apprendre celle du Groënland, et il n’y avait que les Danois qui pussent les initier dans les élémens de celle-ci. Pour surcroît d’embarras, on leur volait tous leurs livres et leurs papiers, à mesure qu’ils écrivaient leurs leçons ; comme si le démon, disent ces bons frères, avait voulu leur ôter tous les moyens de diminuer le nombre de ses vassaux. Mais la nature faisait tout pour les lui conserver. Les