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attire les oiseaux ; et le temps doux, qui n’est pas un attrait pour les oiseaux aquatiques, laisse entrer les phoques dans les baies. Quelle que fût l’âpreté de la saison, il fallut, dès le mois de mars, sortir des cabanes pour chercher de place en place quelques ressources contre la famine. À cette calamité des hivers se joignit l’incursion d’un pirate qui vint des côtes de l’Amérique infester celles du Groënland, sous prétexte que les glaces l’y poussaient. Ce même écumeur avait, dix ans auparavant, pillé les pauvres Groënlandais. Mais en ce moment il y avait de la mésintelligence entre le capitaine et l’équipage de ce navire. Cependant on se tint en garde sur les côtes, parce qu’il avait ses canons chargés. D’ailleurs, comme on avait emmené un Groënlandais à bord de ce vaisseau, le facteur de la colonie fit arrêter quelques gens de l’équipage qui étaient venus à terre, et on les y retint jusqu’à ce que le Groënlandais eût été renvoyé.

Le printemps amena par hasard plusieurs baleines sur les côtes de Bals-Fiord ; mais les habitans de cette baie n’étant pas exercés à la pêche de ce poisson, ils n’en prirent aucun. L’été leur fournit une baleine morte ; et l’automne fit tomber dans leur pêche une sorte d’espadon (connu sous le nom d’ardluit), qui fait la guerre aux phoques pour s’en nourrir. Ce monstre agresseur est si redoutable, qu’à son approche tous les phoques disparaissent. Il a tant de force et d’adresse, qu’il en prend quatre