Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/12

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Groënlandais, trop occupés de leur subsistance, n’avaient pas le loisir d’assister à des catéchismes de religion. Ce n’est pas qu’il n’y eût autour de Bals-Fiord environ deux cents familles qui formaient près de deux mille âmes ; mais la plupart de ces habitans étaient dispersés dans les îles et les montagnes à la pêche des phoques, à la chasse des rennes ; et quand l’hiver approchait, ils allaient faire des voyages de deux cents lieues, tantôt au nord et tantôt au sud. Il n’y avait pas moyen de les joindre pour les instruire ; et les prédicateurs, ne pouvant suivre leur auditoire à la course, se contentaient de semer de temps en temps quelques germes de la parole divine lorsque la curiosité leur amenait par hasard des Groënlandais qui venaient voir leur maison ou leur demander des clous, des hameçons, des couteaux, qu’ils savaient bien voler au cas de refus. C’était peine perdue que d’aller d’une île à l’autre chercher des auditeurs, qu’on ne pouvait avoir même en les payant ; car, dès qu’on leur parlait de religion, ils disaient aux missionnaires : Ne voulez-vous pas retourner chez vous ?

Mais ce qui sembla devoir renverser toutes leurs espérances, ce fut une mortalité qui menaça de ruiner à jamais la population du Groënland. De six Groënlandais qu’on avait amenés en Danemarck deux ans auparavant, il ne restait qu’un garçon et une fille. Comme le climat étranger leur était contraire, on voulut les ren-