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étant différente, selon les endroits que ces animaux fréquentent, on risquerait de mourir de faim un an ou deux avant de se former aux différentes méthodes de cette pêche. Aussi n’y avait-il que l’empire de la religion sur les esprits qui pût accoutumer ces sauvages étrangers au séjour de Neu-Herrnhut, qui est à cinq ou six lieues de la pleine mer. D’un autre côté, les missionnaires ne souhaitaient pas que leur peuplade se multipliât au delà de certaines limites. Les établissemens qu’embrasse leur institut ne se bornent pas à la prédication et aux fonctions purement spirituelles du zèle religieux, mais elles comprennent l’éducation et le gouvernement des hommes, depuis la naissance jusqu’au dernier âge. Une maison de nourricerie, les écoles, les assemblées de conférence et d’instruction de toute espèce exigent un emplacement et un entretien qui ne comportent pas une population fort nombreuse. Le Groënland n’est pas comme de certaines terres en friche qui ne demandent que de la culture pour nourrir beaucoup d’habitans. Le sol et le climat y repoussent les hommes ; ses rochers ne sont pas de ces pierres que Deucalion et Pyrrha n’avaient qu’à jeter sous la jambe ou par-dessus la tête pour repeupler l’espèce humaine.

Aussi les herrnhuters délibérèrent, en 1752, s’ils n’établiraient pas à Kanghek ou à Kariak, qui est à six lieues de Neu-Herrnhut, une paroisse succursale pour le soulagement de cette