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Cet événement demande un récit préliminaire qu’il faut reprendre d’après Crantz.

La congrégation du Groënland, dit-il, s’était accrue jusqu’au nombre de quatre cents néophytes baptisés, sans en compter deux cents passés au rang des élus dans l’éternité. C’était avoir beaucoup fait dans l’espace de vingt ans pour un pays très-mal peuplé. La mission de Neu-Herrnhut ne devait guère en attendre davantage, surtout du Nord, parce que les colonies danoises, qui s’y étaient établies dans cet intervalle, avaient toutes un missionnaire de la métropole. Elle ne pouvait donc gagner des âmes que du côté du sud, où le Danemarck n’avait point de colonies.

Le Bals-Fiord, les îles de Kanghek et de Kokernen fournissaient du monde à la nouvelle peuplade, parce qu’elles offraient une station en hiver aux voyageurs du nord et du sud, qui allaient commercer les uns chez les autres. C’est là que les missionnaires faisaient leurs excursions et leurs recrues apostoliques, mais d’une manière peu suivie et précaire, comme chez des passans qui n’y avaient point d’établissemens. Quelque avantageuse que soit en effet la position de Bals-Fiord, la meilleure peut-être de tout le Groënland, les Groënlandais ne s’y fixaient point, soit par attachement pour le lieu de leur naissance, les insulaires n’aimant point le continent, et les habitans de la terre ferme ne pouvant s’habituer dans des îles ; soit parce que la pêche du phoque