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qu’à Neu-Herrnhut pour les exercices de la mission. Elle fut fréquentée beaucoup par les femmes, et très-peu par les hommes. Dès l’année suivante, dit Crantz, les maris oublièrent les prédicateurs, et renoncèrent au privilége inestimable d’être les premiers fruits de cette nouvelle plantation de la foi.

C’était la même disposition d’esprit dans les sauvages qui allaient à Neu-Herrnhut. Quelques-uns y rendaient visite à leurs parens, mais avec la précaution de ne pas trop écouter les prédicateurs : « Car ils s’étaient aperçus, disent-ils, que plusieurs de leur nation, et surtout des jeunes gens, après avoir entendu seulement une ou deux fois parler de la mort et de la croix de Jésus, s’en étaient laissé enticher, ou même ensorceler, au point de n’avoir plus eu de repos, jusqu’à ce qu’ils fussent venus vivre avec les croyans, au grand regret de leurs parens et de leurs amis. » « Est-il bien étonnant, ajoute Crantz, sur le mot ensorceler, que des païens regardent le christianisme comme un sortilége, quand des chrétiens éclairés attribuent à la magie des effets naturels qu’ils ne peuvent nier ni comprendre ? »

Ce missionnaire, achevant l’histoire de cette année, dit qu’elle fut très-douce et presque sans hiver, eu égard au climat. Janvier donna plus de pluie que de neige ; mais il neigea si fort et si long-temps en avril, qu’on fut obligé d’aller en raquettes ou souliers de neige jusqu’à la fin de mai. La pêche fut abondante, et