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la mer, toujours ouverte, parut enceinte ou grosse de harengs.

Dans le nécrologe qui termine les annales de 1758, on parle d’une chrétienne dont la vie eut quelque singularité. Présentée au baptême à l’âge de douze ans par ses parens, ils voulurent la ramener quelque temps après dans leur canton du sud, parmi les sauvages inconvertis. Elle implora le secours des Herrnhuters, qui la retinrent à la mission malgré sa famille. Deux ans après, son père et sa sœur revinrent pour l’enlever ; mais elle fut délivrée de leur persécution par leur mort, qui suivit de près leur arrivée. Un de ses parens essaya de nouveau de la faire revenir au lieu de sa naissance, mais sans succès. La chrétienne fut inébranlable. Trois ans après, elle se cassa la jambe, devint boiteuse ou percluse, tomba dans la consomption, et mourut au bout d’un an avec résignation.

La mission perdit encore un enfant de quatre ans, qui fut jeté par un coup de vent contre un rocher, et se brisa l’épine du dos. « Durant sa maladie, il disait : Je veux m’en aller. — Où, mon cher enfant ? lui demandait son père. — Trouver le cher Agneau, » répondait-il, parlant sans cesse du sang et des plaies de l’Agneau.

Après cet enfant, mourut cette même Judith dont on a déjà parlé. Elle était d’abord de la plus profonde stupidité ; mais dès qu’elle fut chrétienne, et qu’elle eut voyagé avec les frères