Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/151

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quand on veut leur parler de Jésus et de ses mérites, ils fuient comme si le feu les poursuivait. Les enfans ont une autre espèce de sensibilité : rarement on les entretient des souffrances du Sauveur sans leur arracher des soupirs, et quelquefois des larmes. Les vieillards au contraire s’irritent de ce langage. J’en ai vu, dit Crantz, touchés au point de trembler et de frissonner comme un daim, faire des contorsions, frapper du pied, secouer leurs habits, écouter enfin avec tous les signes d’impatience ; et quand le sermon était fini, courir avec précipitation, de peur que la parole divine ne s’attachât à leur âme. » Aussi de trente bateaux qui passèrent à Neu-Herrnhut, ne resta-t-il à la mission que deux jeunes filles.

Mais le missionnaire se console de ce peu de succès auprès des inconvertis par la prospérité du petit bercail des chrétiens. Dans les voyages et les travaux de la belle saison, il ne s’en perdit aucun. On prit beaucoup d’eiders et de phoques. Dès les premiers jours d’avril, on attrapa même un morse : c’était le second qu’on eût vu dans ces parages depuis trente ans. Ainsi l’année fut abondante pour la pêche ; mais elle finit par une sorte d’épidémie qui n’enleva cependant que dix-neuf chrétiens. Crantz finit cet article par un précis de la vie de ces justes. Elle est sans doute édifiante pour la congrégation des herrnhutistes. Ces pieuses histoires ne manqueront pas d’exciter la ferveur des uns, la charité des autres, et de hâter, par