Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/152

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ces heureuses impressions, l’avancement des missions du Groënland ; mais elles doivent être au moins indifférentes à tous les chrétiens qui ne sont pas de sa secte, et ne peuvent qu’inspirer à tous les hommes raisonnables une sorte de pitié pour les victimes de l’enthousiasme. Si les mensonges, ou plutôt si l’erreur des herrnhuters console quelques sauvages mourans, on voit qu’elle afflige les vivans ; car la raison grossière de ce peuple stupide se scandalise souvent d’une doctrine prêchée sans la mission de l’Esprit saint, qui n’appelle point des luthériens à la propagation de l’Évangile, mais les invite plutôt à rentrer dans le sein de l’église universelle.

Crantz a cru devoir donner à la fin de son histoire du Groënland une description raccourcie de tous les établissemens que sa congrégation a formés. On y trouvera tous les détails de situation économique, de police civile et de discipline ecclésiastique qui concernent la mission des herrnhuters. Quoiqu’il n’ait fait, ce semble, son ouvrage que pour ses confrères, il devient essentiel, même aux savans, pour la connaissance du Groënland. La religion y ébauche la police d’un peuple sauvage. Les herrnhuters y jettent les fondemens de la société. La première église y forme la première bourgade. C’est un spectacle curieux de voir comment des étrangers sans science et sans richesses parviennent à rendre habitable un pays où les indigènes n’ont jamais su qu’errer, sans cesse