Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/178

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ther, et l’histoire de la passion du Sauveur. Comme la langue groënlandaise n’a point de caractères particuliers, on lui a prêté ceux de la langue latine. L’école se tient le matin. L’après-midi, les enfans vont travailler chez leurs parens, manier la rame et le harpon. En été, les écoles se ferment pour la pêche et la chasse. Malgré ces longues vacances, les enfans apprennent assez bien à lire, quelques-uns dans un seul hiver ; d’autres sans études savent par cœur tous les élémens et les prières de la religion à force de les entendre réciter. Mais tous s’instruisent et s’élèvent sans aucune voie de contrainte et de rigueur, par les caresses, l’exemple et l’émulation.

À douze ans, on fait monter les enfans à la grande classe, garçons ou filles, mais toujours séparément. Les garçons vont manger chez leurs parens ; mais les filles vont chercher leurs vivres, et reviennent manger ensemble. Tout est bien jusqu’alors. Le bas-âge et l’adolescence ont besoin de guides, et la direction des Herrnhuters ne peut qu’être utile, pourvu qu’elle soit bien entendue. Mais quand la raison a pris ses forces, il semble qu’ils devraient rendre l’homme à sa liberté naturelle, ou du moins à l’autorité paternelle, qui est la première et la plus légitime, parce qu’elle est établie sur les cœurs par ses bienfaits. Cependant les frères Moraves semblent vouloir ici prendre la place des pères, du moins à l’égard de ceux qui n’en ont pas.