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étaient attachés ; de sorte qu’il ne lui restait plus que le capitaine Barbosa et quelques autres sur la fidélité desquels il pouvait compter. Il consulta donc ses principaux officiers par écrit, ne jugeant pas à propos qu’ils vinssent à son bord, de peur qu’étant réunis il ne s’élevât quelque discussion sur le retour en Espagne dont il ne voulait pas entendre parler. Cette démarche ne fut donc de sa part qu’une simple marque de déférence ; mais, connaissant le mécontentement de la plupart des officiers, il entra avec eux dans les plus grands détails pour réfuter leurs objections, et les engager, s’il était possible, par la voie de la persuasion, à ne pas renoncer à une entreprise dont le succès était déjà presque assuré, jurant par l’ordre de saint Jacques que c’était l’expédient le plus sûr pour sauver la flotte, et que la Providence, qui leur avait fait découvrir ce canal, les conduirait heureusement au terme de leurs vœux.

Magellan poursuivit donc sa route dans le détroit avec les trois vaisseaux qui lui restaient. Le 28 novembre il aperçut au sud le cap qui terminait la côte, et entra dans l’Océan, ouvert devant lui. Là, il rendit à Dieu des grâces infinies de ce qu’il lui avait fait la grâce de trouver ce qu’il avait tant souhaité. Il ordonna des prières pour remercier Dieu ; et voyant que la côte à droite courait au nord, il fit route de ce côté pour s’éloigner promptement des climats froids.

« Nous pleurâmes tous de joie, dit Pigafetta.