Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étions avaient de si grands trous aux oreilles, et le bout en était si allongé, qu’on pouvait y passer le bras.

» Ces peuples sont cafres, c’est-à-dire païens. Ils vont nus, n’ayant qu’un morceau d’écorce d’arbre pour cacher les parties naturelles, que quelques-uns des chefs couvrent d’une toile de coton brodée en soie aux deux bouts. Ils sont de couleur olivâtre, et généralement assez replets. Ils se tatouent et s’oignent tout le corps avec l’huile de cocotier et de gengeli pour se garantir, disent-ils du soleil et du vent. Ils ont les cheveux noirs, et si longs, qu’ils leur tombent sur la ceinture. Leurs armes sont des coutelas, des boucliers, des massues et des lames garnies d’or. Pour ustensiles de pêche ils ont des dards, des harpons et des filets faits à peu près comme les nôtres. Leurs embarcations ressemblent aussi à celles dont nous nous servons.

» Le lundi saint 25 mars, je courus le plus grand danger. Nous étions sur le point de faire voile, et je voulais pêcher du poisson. Ayant, pour me placer commodément, posé le pied sur une vergue mouillée par la pluie, je glissai et je tombai dans la mer sans que personne s’en aperçût. Heureusement la corde d’une voile qui pendait dans l’eau se trouvait à ma portée ; je la saisis, et je criai avec tant de force, que l’on m’entendit et qu’on mit un canot à la mer pour me sauver, ce que je dois sans doute attribuer non pas à mes propres