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mérites, mais à la protection miraculeuse de la très-sainte Vierge.

» Nous partîmes le même jour, et, gouvernant entre l’ouest et le sud-ouest, nous passâmes au milieu de quatre îles, appelées Canalon, Hainangon, Ibusson et Abarien.

» Le jeudi 28 mars, ayant vu pendant la nuit du feu dans une île, nous mîmes le matin le cap de ce côté, et lorsque nous en fûmes à peu de distance, nous vîmes une petite barque qu’on appelle boloto, avec huit hommes, s’approcher de notre vaisseau. Le capitaine avait un esclave natif de Sumatra ; il essaya de leur parler dans la langue de son pays ; ils le comprirent et vinrent se placer à quelque distance de notre vaisseau ; mais ils ne voulurent pas monter à bord, et semblaient même craindre de trop s’approcher de nous. Le capitaine, voyant leur méfiance, jeta à la mer un bonnet rouge et quelques autres bagatelles attachées sur une planche ; ils les prirent et en témoignèrent beaucoup de joie ; mais ils partirent aussitôt, et nous sûmes ensuite qu’ils s’étaient empressés d’aller avertir leur roi de notre arrivée.

» Deux heures après, nous vîmes venir à nous deux balangais (nom qu’ils donnent à leurs grands canots), tout remplis d’hommes ; le roi était dans le plus grand, sous une espèce de dais formé dé nattes. Quand le roi fut près de notre vaisseau, l’esclave du capitaine lui parla, ce qu’il comprit très-bien ; car les rois