Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas, à beaucoup près, tous les secours qu’ils attendaient par les vaisseaux du Danemarck. Leur espérance à cet égard fut d’autant plus trompée, qu’on leur envoyait quatre personnes de plus avec moitié moins de vivres. Ce surcroît de famille était la mère de Matthieu Stach, âgée de quarante-cinq ans, avec ses deux filles, dont l’aînée avait vingt-deux ans, et la seconde douze. Elles étaient venues sous la garde de George Wiesner, qui, ayant le choix de rester au Groënland ou de s’en retourner, prit ce dernier parti l’année suivante.

Cette famille était venue au secours des frères pour les aider également dans les fonctions, soit spirituelles, soit temporelles de la mission ; mais ce soulagement fut contre-balancé par une perte considérable. Le même vaisseau qui avait débarqué ces trois femmes ramena Égède en Danemarck. Cet homme, vénérable par son zèle, son courage, ses travaux et ses peines, abandonné presque seul dans le Groënland aux traverses et aux disgrâces de la nature, avait eu la douleur de voir moissonner tous les fruits de son apostolat par l’épidémie de 1733, qui fit périr les enfans qu’il avait baptisés : il avait perdu sa femme, qui faisait sa consolation et son soutien dans les amertumes d’une mission ingrate et stérile. Ses enfans croissaient sans qu’il pût leur donner au Groënland l’éducation pour laquelle ils étaient nés. Tout dépérissait sous ses yeux : il était lui-même extrêmement affaibli de corps et d’esprit par les fatigues et