Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les chagrins qu’il avait essuyés. Enfin il tomba malade du scorbut. Un an après avoir sollicité son retour en Danemarck, il obtint la permission qu’il demandait, et partit, le 9 août 1736, avec son plus jeune fils, ses deux filles et le corps de sa femme qu’il devait faire enterrer à Copenhague, où il arriva le 24 du mois suivant. Le premier objet de son empressement fut d’exposer au roi, dont il eut une audience, l’état où il avait laissé la mission du Groënland, les moyens de la ranimer et de la faire fleurir. On le nomma directeur de ce pieux établissement avec une pension annuelle de huit cents écus. En même temps il fut chargé d’ériger un séminaire de jeunes orphelins qu’on élèverait dans la langue du Groënland, et dans les études propres à en faire des missionnaires et des catéchistes pour ce pays aussi dépourvu des idées de religion que dénué de tous les biens de la terre. Il régit long-temps les affaires de cette mission ; et vers la fin de sa vie il se retira avec une de ses filles à l’île de Falster, où il mourut le 5 novembre 1758, âgé de soixante-treize ans.

Les frères moraves, qui restaient seuls chargés du fardeau de la conversion des Groënlandais, travaillèrent à défricher ce champ inculte et abandonné. Ils étaient au nombre de sept personnes, qui ne composaient qu’une famille, ou du moins qu’un ménage. Les femmes prirent soin du détail économique de la maison, sans renoncer pourtant aux fonctions spirituelles ;