Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réussis à faire comprendre au roi, par mes gestes, que je désirais de voir la reine ; il en parut ravi, et nous nous mîmes en chemin vers la cime d’une montagne où est sa demeure. Je lui fis une révérence qu’elle me rendit. Elle était occupée à tresser des nattes de palmier pour un lit. Je m’assis auprès d’elle. Toute sa maison était garnie de vases de porcelaine appendus aux parois, ainsi que quatre timbales de diverses grandeurs. Un grand nombre d’esclaves des deux sexes étaient au service de la reine. Je retournai déjeuner à la case du roi ; ce prince fit apporter des cannes à sucre.

» Nous trouvâmes dans cette île des cochons, des chèvres, du riz, du gingembre, et tout ce que nous avions vu dans les autres ; mais l’or y est la production la plus abondante. On m’indiqua des vallons, en me faisant entendre par des gestes qu’il y avait dans ces lieux plus d’or que nous n’avions de cheveux sur la tête ; mais que faute de fer l’exploitation de ce métal exigerait trop de travail.

» Ayant demandé à retourner aux vaisseaux, le roi et quelques-uns des principaux de l’île voulurent m’y accompagner dans le même balangai. Pendant que nous descendions la rivière, je vis sur un monticule, à droite, trois hommes pendus à un arbre. Ayant demandé ce que cela signifiait, on me répondit que c’étaient des malfaiteurs. »

Les Espagnols apprirent à Butuan qu’au nord-ouest, à deux journées de distance, était située