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l’île de Lozon (Luçon), d’une étendue considérable, et où venaient tous les ans six à huit jonques de peuples appelés Lequies (insulaires de Lieou-Kieou), pour y commercer.

Les Espagnols firent route ensuite à l’ouest-sud-ouest, et abordèrent à Cagayan, île presque déserte. Le petit nombre des habitans étaient des Maures exilés de Bourné (Bornéo) : « Ils vont nus, ajoute Pigafetta, comme ceux des autres îles, et sont armés de sarbacanes et de carquois pleins de flèches qu’ils empoisonnent avec des herbes ; ils ont aussi des poignards avec des manches garnis d’or et de pierres précieuses, des lances, des massues et de petites cuirasses faites de peaux de buffle. Ils nous crurent des dieux ou des saints. Il y a dans cette île de grands arbres , mais peu de vivres ; elle est par 7° 30′ au nord de la ligne équinoxiale.

« En suivant la même direction, nous arrivâmes à une grande île bien pourvue de toutes sortes de vivres, ce qui fut un grand bonheur pour nous ; car nous étions si affamés et si mal approvisionnés, que nous nous vîmes plusieurs fois sur le point d’abandonner nos vaisseaux et de nous établir sur quelque terre pour y terminer nos jours. Cette île se nomme Palaoan (Palaouan ou Paragoa). Les insulaires font cuire le riz sous le feu, dans des cannes ou des vases de bois ; de cette manière il se conserve plus long-temps que celui qu’on fait cuire dans des marmites. Du même riz on tire, au moyen d’une espèce d’alambic, un vin