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l’objet d’un grand commerce. Les Espagnols recueillirent, à Timor, divers renseignemens sur les îles voisines, sur Java et sur le continent de l’Asie. Pigafetta convient qu’on leur fit beaucoup de contes. Il est inutile de les rapporter ; mais il ne l’est pas de remarquer que ce goût de débiter des fables n’a pas dégénéré chez les peuples des archipels du sud de l’Asie orientale, car ils en ont aussi raconté très-sérieusement aux navigateurs modernes.

Le 11 février, les Espagnols quittèrent l’île de Timor, et entrèrent dans la grande mer appelée Laout-Chidol. La crainte des Portugais leur fit éviter l’approche des terres, et notamment de Sumatra. Pour doubler le cap de Bonne-Espérance, ils s’élevèrent jusqu’à 42° de latitude sud. Les vents contraires, qui finirent par une terrible tempête, les retinrent pendant neuf semaines dans ces parages. « Quelques-uns d’entre nous, dit Pigafetta, et surtout les malades, auraient voulu prendre terre à Mozambique, où il y a un établissement portugais, à cause des voies d’eau qui s’étaient déclarées dans le vaisseau, du froid piquant que nous ressentions, mais surtout parce que nous n’avions plus que du riz et de l’eau pour nous sustenter ; car toute la viande que, faute de sel, nous n’avions pu saler, était putréfiée. Cependant la plus grande partie de l’équipage étant plus attachée à l’honneur qu’à la vie même, nous résolûmes de faire tous nos efforts