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tant pied à terre, furent investis par les Indiens. Ceux-ci étaient armés de plusieurs dards et de flèches, et poussaient de grands cris. Leurs corps étaient peints de diverses couleurs, leurs têtes ornées de branches d’arbres, et leurs reins ceints d’une espèce d’écharpe. Ils attaquèrent les Espagnols avec audace, et dans une première décharge ils en blessèrent trois. Ils donnèrent une grande idée de leur force ; l’un d’eux lança un dard contre le commandant du détachement avec une telle furie, que la lance perça le bouclier, traversa le bras de part en part, et en sortit de la longueur d’une palme. On fit feu sur eux ; on en tua deux, et la terreur dispersa le reste. Le détachement se rembarqua, et le brigantin rejoignit la flotte après avoir côtoyé l’île de San-Christoval. Gallego rapporta qu’on n’avait découvert aucune autre terre de ce côté ; mais il assurait en même temps que de celui de l’ouest on ne pouvait manquer d’en trouver une qui devait être très-étendue.

Le général assembla en conseil les capitaines et les pilotes pour délibérer sur la situation de la flotte, et déterminer ses opérations ultérieures. Il fut décidé que, le mauvais état des agrès et des câbles, et le défaut de provisions ne permettant pas de pousser plus loin les découvertes, on ferait route pour s’élever en latitude et regagner par le nord les côtes de l’Amérique. On répara les vaisseaux le mieux qu’il fut possible, et la flotte se remit en mer.