Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/34

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souci ; nous l’avons invoqué quand nous n’avions rien à manger, ou que nous étions malades ; mais c’est comme s’il ne nous avait pas entendus. Nous croyons que ce que vous dites de lui n’est pas vrai ; si vous le connaissez mieux que nous, obtenez de lui, par vos prières, qu’il nous donne de quoi vivre, un corps sain, un temps serein, et tout ce qui nous manque. Notre âme n’est point malade. Vous êtes bien autrement insensés et corrompus que nous ; dans votre pays, il peut y avoir des âmes gâtées, et nous le voyons assez par les Européens qui viennent parmi nous ; sans doute ils ont besoin d’un sauveur et d’un médecin pour l’âme. Votre paradis et vos joies célestes ne nous touchent point, et n’ont rien que d’ennuyeux à notre gré. Il ne nous faut que du poisson et des oiseaux ; sans ce soutien, notre âme ne saurait pas plus subsister que nos corps. Il n’y a point de phoques dans votre paradis ; ainsi si nous vous l’abandonnons à vous et à tout ce qu’il y a de pis parmi les Groënlandais ; » mais pour nous qui devons aller dans le palais de Torngarsuk, nous y trouverons en abondance et sans peine tout ce qui manque à nos besoins. »

« C’est ainsi, dit Crantz, qu’ils écartaient toutes les idées spirituelles qui pouvaient intéresser le salut de leurs âmes. Je n’oserais rapporter, poursuit-il les railleries-indécentes qu’ils faisaient au seul nom du mystère de la Sainte-