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Trinité et de l’Eucharistie. Lorsqu’ils étaient en humeur et qu’on ne pouvait leur imposer silence, il n’y avait point de saintes vérités dont ils ne fissent un jeu d’esprit, et un sujet de plaisanterie, car les plus stupides Groënlandais peuvent abuser de leur raison. »

Ce récit est conforme au témoignage de tous les missionnaires du Groënland ; et Matthieu Stach, en particulier, entre dans des détails qui servent à confirmer jusqu’à quel point les Groënlandais sont obstinés dans leur incrédulité. « Un jour, dit-il, qu’il pleuvait très-fortement, ils me pressèrent de prier le fils de Dieu de leur donner du beau temps, afin que la pluie ne pénétrât pas dans leur maison par le toit. Je leur répondis qu’avec de bonnes peaux pour couvrir leurs tentes, ils n’avaient pas besoin de demander à Dieu de faire cesser la pluie, mais qu’il fallait le prier pour le salut de leurs âmes. Ils se moquèrent de moi, disant qu’ils ne comprenaient rien à ce langage……. J’étais indigné quelquefois de les entendre blasphémer le Dieu que je leur prêchais. Les enfans ne laissaient pas de m’écouter de temps en temps, attirés par mes caresses : mais pour peu qu’ils vissent ou qu’ils entendissent quelque chose de plus amusant, ils allaient bien vite oublier tous mes discours. Je voulus parler un jour des choses célestes, de la vie éternelle, du jugement dernier, des récompenses du paradis et des peines de l’enfer. « Si votre fils de Dieu est si terrible, me dit un Groënlandais, je