Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/350

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ches de tabac. Mais, avant de s’approcher d’une petite colline où le général avait fait dresser des tentes, ils s’arrêtèrent pour discourir entre eux ; ensuite, laissant leurs arcs et leurs flèches dans le même lieu, ils s’avancèrent pour faire leurs présens. La première fois que leurs femmes vinrent avec eux, elles s’arrêtèrent aussi, mais ce fut pour s’égratigner les joues en poussant des lamentations et des cris pitoyables. Drake s’imagina que, prenant les Anglais pour des dieux, c’était une sorte de sacrifice qu’elles voulaient leur faire. Il donna ordre à ses gens de se mettre en prières, pour faire connaître apparemment qu’ils avaient eux-mêmes une divinité puissante à laquelle ils rendaient leurs adorations. Il fit lire publiquement quelques chapitres des saintes écritures. Les sauvages se rendirent fort attentifs. Après cette lecture, ils s’approchèrent modestement des tentes, et Drake fut extrêmement surpris de les voir rendre aux Anglais tout ce qu’ils en avaient reçu.

Il jugea que la nouvelle de son arrivée s’était répandue plus loin ; car peu de jours après on les vit paraître en plus grand nombre, et deux d’entre eux, s’étant séparés des autres, lui firent connaître par diverses marques de respect auxquelles il ne put se méprendre qu’ils l’avaient distingué pour le chef de sa troupe. Ils continuèrent leurs signes, par lesquels il crut comprendre aussi qu’ils venaient de la part de quelque personne puissante, ou peut-être de leur roi, et qu’ils lui demandaient un gage de