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et ensuite à Manille, où son dessein était de prendre des renforts pour venir mettre la dernière main à l’établissement.

Les trois vaisseaux appareillèrent en fort mauvais état le 18 novembre. On chercha vainement l’île San-Christoval pendant deux jours ; alors on fit voile pour Manille. On suivit une direction qui devait écarter de la Nouvelle-Guinée, qu’on jugeait voisine ; on craignait de s’en approcher, pour ne pas s’embarrasser dans les îles qui l’environnent. Quiros aurait bien désiré reconnaître cette terre ; mais le triste état de la flotte ne permettait pas de s’arrêter.

Au 10 décembre on se trouvait à 30′ de latitude australe. Depuis quelques jours on s’apercevait que la flûte cherchait à fausser compagnie. La gouvernante fit dire au capitaine qu’il serait puni comme traître, s’il s’écartait. Mais celui-ci, qui regardait la perte de la capitane comme infaillible à cause de son mauvais état, ne tint aucun compte de ces menaces, et dès la nuit suivante il disparut.

Les maladies causaient de grands ravages ; presque tous les jours on jetait au moins un mort à la mer. Les manœuvres du bâtiment étaient ou usées ou pouries, et, pour comble de mal, on manquait de rechanges.

Le 19 décembre, étant par 3° 30′ de latitude nord, la capitane s’aperçut que la frégate avait beaucoup de peine à suivre. Quiros proposa plusieurs fois d’en prendre l’équipage à bord, et de l’abandonner. La gouvernante ne