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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/389

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et épars. Il mangeait quelque chose de blanc, et portait à sa bouche une écale de coco, dans laquelle il buvait, selon l’apparence. Il ne voulut pas s’approcher, quelques signes qu’on lui fît.

Le 3 janvier 1596, on reconnut, au point du jour, les îles de Guam et de la Serpana, dans l’archipel des Ladrones ; on passa entre ces deux îles ; les habitans vinrent dans leurs pirogues apporter des cocos, des bananes, d’autres fruits, des cannes de sucre, et diverses sortes de poissons.

Quiros cherchait le cap du Saint-Esprit, la pointe la plus orientale de l’île de Samar ; mais il n’avait jamais navigué dans ces parages. Le 14 janvier, on vit, au point du jour, le sommet d’une haute montagne : la brume la fit bientôt perdre de vue ; les récifs, les brisans et les rochers obligeaient d’ailleurs de n’avancer qu’avec précaution et la sonde à la main. On entra par un canal bordé d’écueils, dans une baie qui joignait le cap du Saint-Esprit, première terre des Philippines. Ainsi Quiros avait suivi la route convenable pour attérir au point qu’il voulait trouver.

Quand les Espagnols surent qu’ils étaient au cap du Saint-Esprit, leur joie fut extrême. On leur fournit en abondance les vivres si nécessaires à des gens affamés ; ils en usèrent avec si peu de discrétion, que plusieurs en moururent. Ils souffrirent encore beaucoup avant d’arriver à Manille, au travers du dédale d’îles