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qui se trouvaient sur leur route. Le vaisseau dut entièrement son salut à la fermeté de Quiros. Enfin, le 11 février, ils mouillèrent dans le port de Cavite, à deux lieues de Manille : ils avaient perdu cinquante hommes dans leur traversée depuis l’île de Santa-Cruz. L’équipage pleurait de joie ; tous tendaient les mains aux Espagnols, au milieu desquels ils se trouvaient. Ceux-ci restaient consternés et muets de saisissement à la vue de tant de malades et de squelettes nus qui criaient, surtout les femmes : « Nous mourons de faim et de soif ; donnez-nous de quoi manger. »

Dès que l’on fut descendu à terre, un nombre infini de personnes, poussées par la charité ou la curiosité, accoururent pour voir tous ces malheureux, et apportèrent des vivres en si grande abondance, que bientôt il y en eut de reste. Dona Isabel fit son entrée au bruit du canon et de la mousqueterie. Toutes les troupes étaient sous les armes : elle fut haranguée par tous les corps. Les femmes et tous les gens de l’équipage furent logés aux frais du public. La plupart des femmes se marièrent à Manille, excepté cinq qui se firent religieuses.

On ne revit jamais la frégate. On apprit par la suite qu’on l’avait trouvée, toutes voiles dehors, échouée sur une côte : tout l’équipage était mort à bord. La flûte surgit à Mindanao. L’équipage mourait de faim : il fut amené à Manille.

Quiros reconduisit dona Isabel de Manille à