Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/44

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D’abord ils l’avaient attiré par adresse auprès de Kanghek, et l’avaient cruellement percé d’un harpon : il eut encore le bonheur d’arracher ce fer de son corps et de s’échapper de leurs mains. Mais ils le rattrapèrent ; et lui ayant donné treize coups de couteau, ils le précipitèrent en bas d’un rocher où il fut découvert après bien des recherches. Les meurtriers menaçaient encore d’assassiner Kaiarnak lui-même et son autre beau-frère, en dépit des Européens et des gens du sud. C’est ainsi qu’ils appelaient les Groënlandais qui habitaient ou commerçaient avec la colonie danoise et la mission ; ceux-ci prirent l’alarme et voulaient s’enfuir : mais on les rassura. Les officiers de la colonie firent arrêter le chef des assassins et quelques-uns de sa bande ; ils furent conduits prisonniers en présence de plus de cent Groënlandais. Le chef, interrogé, confessa qu’il avait commis trois meurtres de plus, et qu’il avait trempé dans trois autres. Comme il n’était pas sujet aux lois humaines, dit Crantz, parce qu’il ignorait même les lois divines, on lui lut le décalogue, en le menaçant des peines les plus sévères, s’il retombait dans l’homicide ; ensuite il fut élargi. Mais deux de ses complices, qui avaient été instruits de la loi de Dieu avant de la violer, furent punis du fouet. Quelque juste que fût cette différence de traitement, peut-être n’était-elle pas bien propre à favoriser la propagation de l’Évangile ; mais elle montrait de la part des juges et des chrétiens une im-