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partialité qui faisait honneur à leur religion. Cependant Kaiarnak, cruellement effrayé de ces attentats, malgré le châtiment des deux coupables, voulut se dérober au danger, dans quelque retraite inconnue aux ennemis de sa famille et de sa vie. En vain on essaya de calmer ses alarmes en lui promettant protection ; en vain on lui rappela la promesse qu’il avait faite au baptême de ne pas quitter les missionnaires ; il fut touché jusqu’aux larmes de toutes leurs représentations, mais il ne put consentir à rester avec eux. À l’instant la mission fut désertée, à l’exception de deux tentes ; toutes les espérances des frères sur la conversion du Groënland s’évanouirent, et il ne leur resta que la confusion d’avoir baptisé des païens sans en faire des chrétiens. Mais ce reproche, qu’on ajoutait à leur affliction, ne fut pas solide ni de durée : car, avant la fin de l’année, ils virent arriver vingt-un bateaux de Groënlandais, parmi lesquels étaient quelques amis de Simek, l’un des sauvages qui avaient accompagné Kaiarnak. Simek revint lui-même avec sa famille ; en sorte que l’hiver suivant les frères eurent neuf familles dans leur voisinage. Ainsi les déserteurs, après avoir fait partout des recrues, vinrent insensiblement rejoindre les drapeaux de la foi, amenant plus de prosélytes qu’il n’y avait eu de transfuges.

Jusqu’ici l’on n’a parcouru qu’un volume de Crantz sur le Groënland. Il en reste un second encore plus long, mais qui roule tout en-