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les œuvres de charité qui peuvent gagner et persuader. Si le Danemarck vient à bout avec le temps de civiliser les Groënlandais, il devra sans doute une partie de ses établissemens en ce pays sauvage à la patience des frères Moraves, qui jusqu’ici n’ont eu que des mœurs et de la pitié pour soutien de leur prosélytisme.

Le bon exemple donne tant d’empire à la parole, que tout réussit à ceux qui prêchent une morale qu’ils pratiquent. Les songes même coopéraient aux succès des missionnaires.

Un angekok vit en songe un enfant qui lui montra d’abord un lieu de délices, puis un séjour de ténèbres. Cet homme se convertit. Crantz avoue que ce songe pouvait lui venir de ce qu’il avait entendu parler souvent de l’enfant Jésus, du paradis et de l’enfer. « Mais quoique la Divinité, dit-il, puisse se manifester par des voies invisibles, ces songes ne méritent pas une grande confiance. Ceux qui se convertissent à la religion après ces sortes de visions nocturnes de l’imagination, n’ont jamais eu des idées saines du christianisme. Cet angekok lui-même, qui d’ailleurs menait une vie irréprochable, ne connaissait pas la véritable nourriture qui fait la vie de l’âme.»

Les Groënlandais qui écoutaient la prédication étaient fort sujets à faire des songes sur des matières de religion. Comme ils en abusaient, les missionnaires leur défendirent de se les raconter les uns aux autres. En général, les