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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/56

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même temps commerçans, ouvriers et cultivateurs. Sous la direction de quelques grands qui fondent des châteaux au lieu de monastères, ils forment des peuplades, des colonies et des cités, dont ils sont à la fois les apôtres, les pères et les propagateurs par toutes les voies de la nature et de l’art, joignant les douceurs du mariage aux consolations de la piété, bâtissant l’édifice d’une grande société avec tous les leviers de la religion. À la vérité, les attachemens naturels et les soins domestiques inséparables de la vie conjugale relâchent ces nœuds factices qui lient et composent les sociétés monastiques et célibataires. Mais ce qu’on perd de l’esprit de fermentation et de vigueur, qui donne tout à coup un grand éclat et toute la célébrité de la renommée à un corps religieux, on le compense par le genre, le nombre et la solidité des établissemens qu’un peuple choisi, qui se mêle dans tous les autres, peut cimenter avec le temps. Peut-être les frères Moraves seront-ils dans la religion luthérienne ce que les quakers ont été dans la communion anglicane. Du moins citoyens et plus patriotes que les jésuites, enfans de la métropole et pères de la colonie, ils seront plus attachés par les liens du sang et par l’intérêt social à la patrie commune. Mais voyons avec quelle industrie ils jettent d’avance les germes de leur agrandissement et de cette félicité que tous les hommes ont le droit et même l’obligation de se procurer sur la terre. Quand leur enthousiasme opé-