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de concert à la propagation des chrétiens par les voies de la nature et de la religion ; tantôt on pensionnait un Allemand qui avait appris le groënlandais pour être catéchiste ou maître d’école ; tantôt on apprenait l’allemand à des enfans du Groënland pour écrire, parler et chanter dans les deux langues des missionnaires et des néophytes, Crantz dit pourtant qu’aujourd’hui l’on n’enseigne point la langue allemande aux Groënlandais, parce qu’ils n’ont pas le temps de l’apprendre, et qu’elle n’est d’aucune utilité pour eux ni pour la mission.

Si celle-ci produit quelques bons effets, ce n’est pas sans un mélange de zizanie, dont elle a semé le germe entre les habitans baptisés et les sauvages inconvertis. En effet, on trouva parmi les chrétiens que la congrégation perdit cette année un homme assassiné par un sauvage pour une injure qu’il prétendit avoir reçue d’un chrétien. Il paraît que les Groënlandais en veulent aux missionnaires, parce qu’ils regardent comme enlevées à la nation des personnes qui quittent leur famille pour aller vivre avec ces étrangers. On se plaint déjà dans le Groënland que le christianisme divise le père d’avec son fils, et le frère d’avec sa sœur. C’est aux hurrnhuters de répondre à ce reproche.

D’un autre côté, la police de ce peuple se perfectionne dans leur société. Une femme chrétienne étant venue à mourir, un enfant qu’elle laissait resta à l’homme chez qui elle ha-