Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Groënland, et grossit le concours des auditeurs à la mission. Les courses des baptisés, les visites des inconvertis, le commerce et l’industrie qui augmentaient à Neu-Herrnhut avec la population, l’abondance des uns, la disette des autres, le bien et le mal, tout servait au progrès du christianisme. Tous les événemens étaient mis à profit par les herrnhuters, qui ne manquaient pas de subordonner le cours de la nature aux vues et aux intérêts de leur zèle. Si quelque chrétien se noyait ou se sauvait à la pêche, le ciel l’avait pris ou laissé pour le salut de son âme. Dans une course que les missionnaires avaient faite sur mer pour se procurer des provisions de bouche, à peine eurent-ils mis le pied sur le rivage, que le bateau d’où ils venaient de débarquer creva sous le poids des phoques dont il était chargé. Tout le monde fut dès lors convaincu que l’ange du Seigneur avait veillé sur les fidèles. On verra dans l’histoire suivante comment les herrnhuters ont l’art d’interpréter en leur faveur les choses les plus contraires au succès de leur prédication.

Un certain Jacob, Groënlandais baptisé, s’étant trouvé impliqué dans une querelle à la colonie de Frédric-Haab, avait résolu de se réfugier chez les inconvertis du nord. Mais lorsqu’il se disposait à suivre ce projet dicté par le mécontentement, les gens d’un vaisseau allemand lui persuadèrent de venir en Europe avec eux. Il se livre à cette idée, et charge quelqu’un d’aller recommander aux mission-