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était alors à Herrnhut, ayant été instruit de cette aventure, se dépêcha d’aller à Amsterdam pour délivrer ce sauvage du rôle pitoyable que l’avarice des chrétiens lui faisait jouer. Mais pendant que le missionnaire était en chemin, ce misérable mourut. Le frère Stach s’en consola, dans la persuasion que c’était un bonheur pour ce Groënlandais d’avoir été enterré dans un cimetière de chrétiens plutôt que d’être allé vivre avec des sauvages du nord, comme fit sa famille, qui déserta la mission et reprit les mœurs et les erreurs de sa nation.

Cette perte fut bientôt réparée, poursuit l’historien, par un concours de soixante-sept Groënlandais qui vinrent se joindre aux habitans de Neu-Herrnhut. Ce furent autant de nouveaux candidats pour le baptême. On distribua toute l’habitation en cinquante-deux classes, dont trente-une furent composées du sexe le plus enclin à l’amour de Jésus. Un catéchiste fut chargé de présider à l’instruction des garçons, et de les pourvoir chacun d’un kaiak équipé pour la pêche, aux frais du magasin des orphelins. Comme les assemblées se tenaient soir et matin à la lumière, pour laisser le jour, extrêmement court, au travail que demandaient les subsistances, on représenta aux sauvages la nécessité de contribuer à l’entretien des lampes, dont l’huile jusqu’alors avait été fournie aux dépens des frères Moraves. Tout le monde consentit à la collecte. Elle