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fut abondante, et le surplus de l’huile qui revint de cette contribution fut donné à ceux qui n’en avaient point. C’est ainsi que la religion prenait des accroissemens insensibles d’une année à l’autre.

En 1754, on comptait quatre cents Groënlandais baptisés depuis 1739 ; et dans cet espace de quinze ans il en était mort cent. Le froid, qui fut excessif cette année, amena la famine, en couvrant la terre de neige, et la mer de glace. On alla de la colonie de Bals-Fiord, et des îles voisines, à pied, par des intervalles de six lieues de mer. Dès que la communication fut libre par eau, les inconvertis vinrent de tous les côtés à la mission, attirés par la faim. Les chrétiens partagèrent leurs vivres avec eux tant qu’il leur en resta. Malgré ces largesses de la charité chrétienne, ils ne manquèrent de rien jusqu’au mois d’avril, que les glaces fondirent. La terre s’en déchargea dans la mer au printemps, comme la mer l’en avait bloquée en hiver. Ainsi ces deux élémens semblent se livrer une guerre perpétuelle avec les glaces dont ils se couvrent, et qu’ils se renvoient tour à tour. Les missionnaires profitèrent des chemins ouverts pour faire leurs visites et leurs excursions apostoliques chez les inconvertis. On les recevait avec quelque amitié, mais sans faire beaucoup d’attention à leurs sermons. Les jeunes gens, et ceux qui ne les avaient jamais entendus prêcher, étaient, disent-ils, plus frappés de leur