Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/135

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pliait à sa volonté, avec des cailloux, les morceaux de fer chaud, les sciait avec son couteau dentelé, ou bien les aiguisait en pointe en les frottant pendant long-temps, et les durcissait convenablement suivant l’occasion. Tout ceci paraîtra étrange à quiconque ne connaît pas l’intelligence et l’industrie de ces Indiens ; mais ce n’est rien de plus que ce qu’ils font ordinairement dans leur pays.

» Par le moyen des instrumens qu’il était parvenu à fabriquer, le Mosquite se procura des chèvres et du poisson ; il avait d’abord été forcé de manger du phoque, qui est un mets bien ordinaire ; mais, quand il se fut fait des hameçons, il ne tua des phoques que pour découper leurs peaux en lanières pour des lignes à pêcher. Il avait, à un demi-mille du bord de la mer, une petite hutte couverte en peaux de chèvres. Des peaux semblables, tendues sur des bâtons élevés de deux pieds au-dessus du sol, lui servaient de lits. Les habits qu’il portait, au départ du capitaine Watling, étaient usés depuis long-temps ; il n’avait qu’une peau autour des reins. Ayant aperçu notre vaisseau la veille du jour où nous attérîmes, il le reconnut pour anglais, et tua trois chèvres qu’il fit cuire avec des choux pour nous régaler à notre débarquement. Il se trouva sur le bord de la mer pour nous féliciter de notre heureuse arrivée. Un Mosquite nommé Robin, que nous avions avec nous, sauta le premier à terre, et courant à son camarade, s’étendit à terre devant lui. Ce-